Qui suis-je ?
Il m’est très souvent demandé, dans les courriers que je reçois à propos de ce blog, de me présenter … car enfin, me dit-on, « oceandefleurs » n’est qu’un pseudonyme qui ne dit pas grand-chose …
Je vais donc, si vous le permettez, vous narrer mon histoire afin que vous puissiez vous-mêmes, vous faire une idée sur ma personnalité, et me connaître mieux !
« Lorsque je vins au monde, mes parents, qui étaient de bons parents, s’en allèrent aussitôt quérir la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées pour lui demander très poliment et avec le respect dû à son rang, de vouloir bien déposer en offrande au bas de mon berceau, les dons les plus rares et donc les plus précieux.
Mais, celle-ci était « en conférence », une de ces conférences, de la plus haute importance au royaume des fées, et sa secrétaire, entreprit, très aimablement de proposer à mes parents de contacter, sans tarder son adjointe, très réputée, elle aussi, et elle les rassura : ils seraient enchantés de ses services et de sa générosité à mon égard.
Cependant, la pauvre secrétaire, débordée comme toutes les respectables et diligentes secrétaires, avait oublié que l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était déjà en mission auprès d’un autre berceau !
Alors, se confondant en excuses et devant le désarroi de mes parents, elle leur indiqua l’adresse de l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées.
Bien sûr, ils s’y rendirent rapidement … mais, ils trouvèrent porte close ! Cette charmante personne était en « RTT » et avait fui l’agitation du royaume des fées pour aller goûter un repos salutaire au bord de l’océan … (*)
Une voisine, toujours aux aguets derrière ses rideaux, perçut la tristesse découragée de mes parents. Elle les interpella. « Je peux peut-être vous aider » dit-elle. « En l’absence de l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées, c’est sa collaboratrice dévouée qui assure la permanence et vous la trouverez à deux lieues d’ici, après le petit pont de bois »
Prenant à peine le temps de la remercier pour cette précieuse information, mes parents se précipitèrent, le cœur empli d’espoir.
Hélas, la pauvre collaboratrice de l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées, avait la grippe et devait rester alitée, et avaler force potions magiques. De sa voix rauque, entrecoupée de quintes de toux, elle expliqua à mes parents quelque peu déstabilisés par tous ces aléas, qu’une de ses amies, excellente fée, au demeurant, qui avait été autrefois sa remplaçante, et qui, de sa retraite, acceptait – pour « rendre service » - quelques menues missions, pourrait, elle, aisément les dépanner : elle habitait au bout du village, pas très loin de là, dans une petite maison rose.
Mes parents virent dans la couleur de la maison … un heureux présage, car enfin j’étais une petite fille qui, comme chacun sait, venait d’éclore dans une rose … la reine des fleurs (*)
La déception fut à la hauteur de leur espérance : la remplaçante de la collaboratrice de l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées, venait de partir pour un stage de remise à niveau, organisé par le syndicat des fées retraitées !
« Que va devenir notre pauvre petite fille, sans aucun don ! » gémirent mes parents effondrés … « Quel chagrin pour elle … et pour nous … que sera son avenir ? Quel terrible destin ! »
Un vieil homme pauvrement vêtu, qui passait par là les considéra, ainsi accablés, avec grande compassion et, après qu’ils lui eurent raconté toutes leurs déconvenues, et fait part de leur terrible angoisse à mon sujet, il leur proposa de les accompagner dans une sorte d’asile où, leur expliqua-t-il, il avait connu un jour une femme, se disant fée puisqu’elle avait un temps été la camériste de la remplaçante de la collaboratrice, de l’assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées.
A bout de forces, mes parents suivirent l’homme …Ils entrèrent, non sans une certaine appréhension, dans une grande salle sombre : « elle est ici, tout au fond, regardez » souffla l’homme.
Mon père d’abord, puis ma mère le suivant de près, s’approchèrent et osèrent aborder la vieille dame toute menue. « Pourriez-vous, s’il vous plaît, et si vous en avez les pouvoirs, venir vous pencher sur le berceau de notre petite fille, afin de lui dispenser quelques dons qui lui seront bien utiles et agréables dans sa vie ? »
La fée sourit tendrement, dévoilant une gencive édentée et, toute émue, elle acquiesça en secouant la tête … elle en perdit illico son chignon retenu par un peigne … sans dents lui non plus !
Mais, trop excitée pour prendre le temps de rajuster sa coiffure, elle se baissa promptement, se saisit d’un vieux sac et suivit mes parents en claudiquant, apparemment heureuse de rendre service …et surtout qu’on la considéra enfin comme un personnage important !
Cela faisait si longtemps qu’elle rêvait de mettre enfin en pratique, les pouvoirs qu’elle avait si souvent admirés chez sa patronne : la remplaçante de la collaboratrice, de l’assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées.
Elle avait recopié en cachette quelques pages du grimoire de la fée et subtilisé un peu de sa poudre magique. Elle se sentait donc tout à fait capable d’assumer ce rôle, inespéré pour la pauvre camériste qu’elle était.
Mais, de toute évidence, elle avait préjugé de ses compétences et de son talent d’imitatrice !
Aussitôt qu’elle parvint auprès de mon berceau, elle se troubla.
Elle mélangea les formules magiques, recommença, recompta sur ses doigts, relut ses notes à la hâte … Alors, dépitée, réalisant soudain combien la pratique était éloignée de la théorie, elle se mit, pour impressionner mes parents, à marmonner quelques étranges incantations, sortes d’onomatopées probablement inventées en toute dernière minute. Elle esquissa quelques pas d’une étrange danse, puis, s’interrompant brusquement, elle saisit au fond de son sac une poignée de poussière grise, au sein de laquelle gisaient, éparpillés et sans énergie, quelques clones pâlots des neuf Muses. Sans autre précaution, elle les éparpilla maladroitement … ici et là … ou, osons le dire : là et ici et trop souvent même … ailleurs !!!
Ainsi dans sa précipitation, en répandit-elle, bien sûr, hors de mon berceau : « Erato » se perdit dans les éternuements de la vieilles fée, « Uranie » se retrouva projetée tout au haut de l’armoire, « Terpsichore » se foula la cheville en atteignant mon couvre-lit, « Thalie » hoqueta d’émotion après un étrange roulé-boulé sur mon oreiller, « Clio » perdit tout sens de l’orientation et toute notion du temps, « Polymnie » confondit ses rimes, « Melpomène » se réfugia, outragée, dans les replis de mon drap, « Euterpe » changea brusquement de ton en atterrissant sur mon hochet et « Calliope », muette de terreur, vint se poser sur mes lèvres closes !!!
Quel charivari !
Voulez-vous savoir ce qu’il advînt de moi ?
Parce que la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était en conférence, parce que l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était occupée ailleurs ; parce que l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était en « RTT », parce que la collaboratrice de l‘assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était grippée, parce que la remplaçante de la collaboratrice, de l’assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées était en stage, parce que la camériste de la remplaçante de la collaboratrice, de l’assistante de l’adjointe de la plus grande, la plus belle, la plus talentueuse et la meilleure des fées n’avait, de toute évidence pas toute sa raison et surtout … parce que je ne reçus que quelques éclaboussures du clone des 9 Muses …
Me voilà, dans toute ma pauvreté, sans le moindre don, sinon peut-être, en ombre chinoise, et en pointillés, dans le flou d’un destin sans éclat, l’infime trace de celui qui aurait dû me permettre de réaliser que j’ai bien de l’audace et de l’outrecuidance de vous avoir raconté tout cela !
Ah ! Mais au fait : (*) océan + (*) fleurs = oceandefleurs … tout s’explique !
Et sourions !!!!